Halte ! Qui-va-là ?!

Le frère lazaréen Bras de Frère veille sur l'entrée de la commanderie nuit et jour accompagné de ses fidèles molosses Terreur et Boucher. Nul ne peut pénétrer dans la forteresse religieuse sans y avoir été autorisée au préalable par le Frère-gardien.

Encore jeune homme plein d'avenir, Amaël s'était intéressé à l'Ordre de Saint-Lazare, appréciant les valeurs, la mission et les qualités de cette ordre religieux et militaire. Seulement, les turpitudes de la vie, et l'engagement de l'Ordre sur le plan politique pour l'indépendance provençale avait fait choisir une autre voie au jeune homme, aujourd'hui plus âgé, devenu prêtre et évêque, prélat de l'Eglise.

Libre à nouveau de s'intéresser à l'Ordre, Amaël s'était renseigné et avait appris son triste destin. A l'abandon, sans plus aucun grand-maître ou dignitaire pour le maintenir, il était mort peu à peu. Mais Ganagobie s'élevait toujours en Provence, occupée par quelques habitants et frères de l'Ordre vivants en autarcie.

L'évêque avait donc décidé de faire le voyage pour la Provence et voir ce qu'il pourrait faire avec les derniers occupants de Ganagobie.
Uniquement accompagné de Ludwig, son fidèle serviteur, et à cheval, il gagna ainsi la commanderie principale de l'Ordre de Saint-Lazare.
Arrivant en vue de la forteresse, il put voir avec plaisir les drapeaux blancs avec en leurs centres la croix verte, symbole de l'Ordre, flottés au vent, signe que la vie habitait toujours Ganagobie.
Arrivant finalement devant les portes de la commanderie, il appela.

Holà ! Du château !

Les portes étaient closes mais personne en vue, et vu que personne ne semblait faire le guet ou la sentinelle, il devait y avoir peu de passage et de visites.

Depuis vingt ans maintenant il occupait ce poste. Lazaréen depuis des décennies, il avait vu passé des dizaines de visiteurs, jeunes gens désirant intégrant l'Ordre, pèlerins cherchant le gîte et le couvert pour une nuit, malades souhaitant recevoir les soins des hospitaliers de Saint-Lazare. Mais il aimait toujours autant ce poste de gardien de la forteresse. Il était un des rares lazaréens subsistant à Ganagobie et certainement dans tout le monde aristotélicien.
L'Ordre avait malheureusement connu bien des malheurs qui l'avait presque conduit à l'extinction. Mais lui et quelques derniers frères et soeurs continuaient de faire vivre l'Ordre et la forteresse bien que plus personne ne dirige les lazaréens.

Il n'y avait plus personne qui était venu à Ganagobie pour intégrer l'Ordre depuis bien longtemps. Il fut donc surpris lorsqu'il entendit quelqu'un appeler à l'extérieur de la forteresse. Se levant de la chaise où il était assis, il approcha des créneaux et découvrit alors deux cavaliers devant les portes de Ganagobie.
Les visiteurs ne semblaient pas être des vagabonds mais impossible de les identifier du haut de la muraille.

Holà voyageurs ! Qui êtes-vous et qu'est-ce qui vous amène à la forteresse de Ganagobie ?

Après un court instant d'attente, un homme apparu en haut de la muraille, au-dessus des portes de la forteresse et leur répondit, leur demandant leurs identités et la raison de leur venue. Amaël s'exécuta alors.

Je suis Amaël von Ried, l'évêque de Metz. Et voici Ludwig von Asenham, mon conseiller. Je fut novice de l'Ordre il y a bien longtemps et je souhaiterais revenir afin de poursuivre mon intégration et aider l'Ordre.

Bras de Fer n'aurait pu être plus ravi qu'en cet instant. Depuis le temps, une personne venait enfin pour intégrer et faire revivre l'Ordre, et qui plus est, un évêque, ce qui ne serait qu'un atout. Heureux de cette visite surprise, il s'empressa d'inviter les deux visiteurs à entrer.

Monseigneur, bienvenue à Ganagobie !

Il quitta son poste d'observation et descendit de la muraille, rejoignant l'évêque et son compagnon de route en bas alors qu'ils pénétraient dans la forteresse, dont les portes venaient d'être ouverte pendant un instant depuis fort longtemps. S'inclinant devant l'homme de Dieu, il lui fit les salutations d'usage.

Monseigneur, c'est un honneur de vous recevoir en notre forteresse et une grande joie pour l'Ordre que vous ayez décidé de revenir pour aider l'Ordre, qui, il faut bien l'avouer, traverse une passe difficile et douloureuse. Vous avez fait bien du chemin depuis la première fois que vous êtes venu en ces lieux, toutes mes félicitations pour votre remarquable parcours.

Amaël, suivi de Ludwig, pénétra dans la forteresse à l'invitation de Bras de Fer lorsque les portes de la commanderie s'ouvrirent pour leur livrer passage. Le gardien de la forteresse n'avait pas changé depuis la première fois qu'il était venu pour devenir novice. Lorsqu'il les eut rejoint, Amaël le salua d'un signe de tête et écouta ses paroles de bienvenue.

L'honneur est partagé, et c'est une grande fierté et un grand plaisir que de revenir en ces lieux après tant d'années, même si je constate qu'en effet, l'Ordre a perdu de son faste et de sa grandeur d'antan.
Qui le dirige à présent ? Monseigneur Eracle de Franchimont est-il toujours le Grand maître ?

Bras de Fer secoua légèrement la tête à la question de l'évêque. Il lui fallait à présent expliquer la situation désastreuse de l'Ordre.

Malheureusement non, Monseigneur. Il nous a quitté, que Dieu est son âme, et depuis, l'Ordre n'a plus personne pour le guider. Nous ne sommes plus qu'une poignée de lazaréens. Il n'y a plus aucun dignitaire ou chevalier pour redresser et guider l'Ordre. Petit à petit, l'Ordre se meurt et va finir par disparaître si cela continue...
C'est pourquoi je suis d'autant plus heureux de votre visite et de votre motivation à vouloir aider l'Ordre. Pour le moment, vous n'avez toujours que le statut de novice, mais je vais rassembler les derniers frères et soeurs de l'Ordre afin que nous en discutions.

Faisant signe à un jeune palefrenier de s'approcher il lui donna quelques ordres.

Prends soin des montures de Monseigneur von Ried et de son conseiller et mènent les à une chambre dans les communs. Puis convoque les frères et soeurs lazaréens en mon nom dans la salle du Chapitre. Monseigneur, nous vous tiendrons avertis de notre décision le plus rapidement possible. Reposez-vous de votre voyage en attendant.

Il salua l'évêque et s'éloigna vers le donjon de la forteresse.

Sujet: Re: Halte ! Qui-va-là ?! Dim 4 Sep 2011 - 18:01

Amaël écouta Bras de Fer avec attention et découvrit avec surprise dans quel état était l'Ordre. Puis il salua le Gardien qui s'en allait retrouver ses frères et soeurs pour discuter de l'avenir de l'Ordre et du sien et suivit le jeune page vers ses "appartements". Il lui faudrait à présent patienter.