Halte ! Qui-va-là ?!

Un ordre de mission la rendant furieuse, à peine deux jours plus tôt. Personne n'intégrait la vassale à l'armée, tous le savaient! Mais elle avait dû se rendre à l'évidence, non, elle ne retournerait pas de si tôt à Brignoles faire tourner sa boucherie et ramener un lot de viandes pour la Capitale, et ce, avec plaisir... Parce qu'avant cette annonce, le coeur à se battre elle l'avait!

Remontant le chemin, Chemsah endormie dans le creux de son épaule, le petit Louis lui tenant la main à contre-coeur et la fillette suivant en silence à son côté, elle apperçu ce qui devait être la garde. Un sourire en coin, alors que quelques scénarios imaginés en compagnie d'Edo lui revinrent à l'esprit.

Faisant passer devant elle les deux ainés, elle replaça son châle qu'un vent léger faisait battre doucement et repoussa quelques mèches afin que le garde puisse lui voir le visage et ne le fasse pas lui-même, comme d'autres bougres aux mains trop mobiles, et se présenta à lui.

- Parait que la place est bien grande pour un seul homme! Une histoire inventée de chevaliers et le gamin vous obéit pour les prochains jours!

Un clin d'oeil vers le petit Louis qui derrière 2 secondes de timidité, dissimulait un émerveillement sans bornes. Puis la Dona se retourna vers le garde.

- Sherry, une... connaissance du Grand Maîstre. En ce temps de guerre, il serait plus sage de garder mes jeunes fillots entre des murs sûrs. Et puis il parait que le jardin est superbe, peut-être pourrai-je y croiser Edo...

Elle posa une main sur son épée, s'apprêtant à la déttacher pour la remettre, comme elle observa en un autre lieu.

- Peut-être les collectionnez-vous le temps de la visite? Quant au bouclier, les petites frustrations enfantines ne l'ont encore jamais atteint!

Sourire.

Sherry ouvrit la bouche pour parler puis finalement se ravisa. Plutôt sympathique le portier! Oups! Appelons le ainsi que dans nos pensées! Et puis, changer de l'ordinaire, déstabiliser un peu, cela restait toujours un petit plaisir que de croiser les regards ensuite...

Quelques pas pour s'éloigner, elle le gratifia d'un sourire et garda le bébé dans les bras.

- Merci! Et puis vous verrai, vous avez je suis sûre, un lot bien large de petites connaissances à transmette à la relève, qui sait!!

Et elle entraîna les deux gamines avec elle, retenant un rire de voir combien un jeune visage pouvait influencer l'environnement.

Cher Edo... n'aviez pas tort! pensa-t-elle, alors que derrière, Louis semblait déjà vouloir tout savoir de ce guerrier qu'on lui présentait...

Altina se tenait là, en attente depuis quelques minutes maintenant quand elle reconnut une voix familière...

- Paix, mon Frère. L'Ordre s'ouvre à l'extérieur. Le culte du secret n'apporte rien de bon. Cela a été conseillé par Roma. Montre-moi donc qui vient là ?

Le deuxième pan de la double porte s'ouvrit alors et altina pencha la tête discrètement:

-Bonjorn Edorazio...

Elle sourit et remercia d'un clin d'oeil le petit homme pour son service....

Elle regarda le portier furtivement et s'adressa à nouveau à Edorazio:

-Coume vai?

Elle attendit qu'on la laisse entrer...

- Bonjorn Edorazio...

La plus incroyable des créatures terrestres se tenait là, à la porte de la citadelle, et elle lui souriait. Le coeur du "moine" bondit dans sa poitrine.

- Coume vai ?

Il pinça les lèvres, inspira profondément et répondit d'une voix calme et assurée - du moins l'espérait-il :

- Molt bén, mercé, í vós senhorita Duplessis ?

" Bras-de-Fer, ne reste pas ainsi, fais-la entrer ! Je te présente Altina Du Plessis, la soeur jumelle de notre Frère Eracle... hum...

Se retenir d'en dire plus. De clamer haut et fort qu'elle était sa promise, celle qu'il aimait et épouserait... celle qu'il aurait aimé serrer dans ses bras. Chose qu'il ne pouvait faire. Il était le Grand Maistre de l'Ordre, Gardien des Clés de la Citadelle. Un Frère Lazaréen ne pouvait témoigner ce genre d'affection dans l'enceinte de la citadelle, où la chasteté était de rigueur.

Il se contenta d'un doux sourire et s'écarta pour libérer le chemin, posant ses mains sur les épaules du petit Louis.

" De la maistrise, Edorazio... montre l'exemple. "
" Ô, Père Tout-Puissant, ce que Vous l'avez faîtes belle. "

"et cum spiritu tuo..."

Le jeune homme passa la porte et se retourna quelques pas plus loin.

"Mes qualités... bien heu... je ne parle pas beaucoup... je crois que se sera parfait icelieu..."

Il est vrai qu'il ne s'exprimait que très rarement. À vrai dire, il ne prenait la parole que si on le lui demandait ou si s'était nécessaire, important. Parlant doucement, marquant plusieurs pose... d'un ton bas, imperceptible, mais inébranlable. Mais encore, il se contentait de courte phrase... du nécessaire, de l'important...

"La raison de ma visite..."

Il fit une pose marqué d'un léger sourire et d'un soupir, regardant le sol.

"J'aime à penser qu'un jour, vous m'appellerai... frère..."

Osa se retourna et prit la direction indiqué par le gardien. Il passa par la cours, puis par le jardin...

Enfin l'on apercevait Ganagobi, Maison Mère de l'Ordre de Saint Lazare. Le voyage de Bourgogne jusque dans les Alpes de Haute-Provence avait été long, surtout en carrosse et sur certaines routes peu fréquentées et pas faites pour ces moyens de transports. Néanmoins Arilan était enfin arrivé à destination et ce soir il dormirait assurément dans un lit confortable et mangerait un bon repas avant ça. La carrosse repartit alors en direction de la forteresse. Lorsqu'il se stoppa de nouveau Arilan su qu'ils étaient enfin arrivée. Jacques, son fidèle valet, descendit du carrosse pour aller annoncer son maître. La nuit déclinait et personne ne c'était encore montré, celui ci dit alors haut et fort.

Oh là ! Il y a quelqu'un ?!

Le géant referma le judas de la porte dans un claquement sec. Sire Arilan de Louvois, hein ? Tout curé qu'il était, il allait quand même apprendre que l'humilité était la règle, céans.
Une petite démonstration de force serait sans doute appréciée. Et puis, il n'avait pas eu l'occasion de s'amuser depuis si longtemps !

Bras-de-Fer tira sur la chaîne suspendue au contrepoid qui commandait l'ouverture de la première porte. La herse était levée, et la deuxième porte, ouverte en grand. La prmière port de la barbacane s'ouvrit en deux pans, dans un grincement magistral. Bardées de plates de fer et de pics destinés à fendre d'éventuels béliers, elle faisait mériter au monastère de Ganagobie son statut de citadelle.

Le colosse saisit sa halebarde et son grand écu d'armes annonçant, fièrement : "D'argent à la Croix Recroisetée de Sinople". Il se dressa, et tona d'une voix forte :

- Père Arilan, Curé de Joinville, et son valet Jacques peuvent entrer en la citadelle de Ganagobie.

Il attendit leur entrée, curieux. Si Edorazio l'attendait, il aurait du le conduire au réfectoire, ou à son bureau, mais il avait du mal à comprendre ce qui motivait l'arrivée du Théologue Inquisiteur.

Le Frère observa l'attelage entrer dans la basse-cour. Il referma la première porte, puis la herse, sur son passage.

- Vous pouvez sortir. Soyez les bienvenus... Préférez-vous aller prendre une collation au réfectoire, poser vos bagages à l'Hostellerie, ou bien, peut-être, voir directement le Grand Maistre dans son Bureau, si l'affaire est urgente ? A cette heure, je crains qu'il ne déjeune avec des visiteurs, et les autres Lazaréens.

" Ah... les armes doivent m'être confiées.

Apres de longues journees de marche depuis l'Auvergne, faites comme un pelerinage, la forteresse etait enfin en vu:

_ Quelle tableau magnifique

se dit-elle en observant l'imposant edifice et le panorama alentour, puis refoulant la tension nerveuse qui la gagnait par de profondes respirations, elle s'avanca vers les lourdes portes et hela aux gardes aussi fort qu'elle put:

_ Ola de la garde, Suthasseenee, maraichere a Clermont BA, je suis sans arme et desire me joindre a l'ordre et ses hospitaliers.!

Elle avait tant de fois passe ce moment dans sa tete qu'elle avait peine a croire qu'elle allait bientot etre fixe sur ses aspirations et ses desirs. Attendant patiement une reponse elle se campa sur ses jambes, referma son mateau autour d'elle et commenca a reciter sa priere prefere...

Bras de Fer avait rangé le carosse et l'animal dans les écuries, puis nettoyé la cour intérieure pour s'occuper. Aussi, il mit du temps à entendre le bruit des pas et la voix.

- Ah... Bienvenue, damoiselle. Vous venez de Clermont, hum ? Qui vous recommande ? Il me faut le nom de celui qui vous envoie à nous, pour pouvoir vous laissez entrer.

Pas d'armes, c'était vrai. Une femme agréable. Aucun danger potentiel. Mais les règles sont les règles...

Bras de Fer referma le Judas et s'en alla tirer de tout son poids sur le balancier commandant l'ouverture de la porte. La herse et la seconde porte étaient déjà ouvertes. Il s'avança, s'appuyant sur la hampe de sa halebarde, et gratifia la visiteuse de ce qu'on pouvait appeler un sourire. Puis, il lui déclara, avec un accent d'homme du nord - de northmand - à couper au couteau :

- Soyez la bienvenue à Ganagobie, en la Citadelle de l'Ordre de Saint Lazare, damoiselle Sutassinie. Vous pouvez vous rendre au réfectoire, on vous y servira le boire et le manger et vous pourrez y rencontrer les membres de l'Ordre.